Votre état de santé pèse sur votre quotidien au travail ? En demandant une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), vous pouvez bénéficier d'aménagements pris en charge par ce dispositif. Tout le monde y gagne, vous en qualité de vie au travail et votre employeur en productivité. Halte aux a priori !
Idée reçue #1 : « Je n'ai pas de handicap physique ou définitif, donc je ne suis pas concerné par la RQTH »
Faux ! La loi vous considère comme travailleur handicapé dès lors que vos « possibilités d’obtenir ou de conserver un emploi sont effectivement réduites par suite de l’altération d’une ou plusieurs fonctions physique, sensorielle, mentale ou psychique ».
La notion ne se limite donc pas au seul handicap moteur visible : d'ailleurs, moins de 5 % des travailleurs handicapés sont en fauteuil (1) ! Sont pris en compte tous les handicaps quelle que soit leur nature : moteur, auditif, visuel, psychique, intellectuel ainsi que les maladies invalidantes (cancer, diabète, sclérose en plaques, myopathie...). 80% de ces situations handicapantes sont invisibles (1).
Vous pouvez donc solliciter une RQTH dès qu'un problème de santé, somatique ou psychique, impacte vos aptitudes professionnelles.
Objectif : faire en sorte de pallier les conséquences de vos problèmes de santé sur votre travail, et ainsi maintenir votre productivité et votre employabilité.
Cette reconnaissance est temporaire. Accordée pour 1 à 5 ans, elle est renouvelable uniquement à la demande de son bénéficiaire.
" Une RQTH vise avant tout à reconnaître une situation handicapante plutôt qu’un handicap. »
Idée reçue #2 : « la RQTH risque de me faire perdre mon emploi ou de diminuer mes chances d'en trouver »
La RQTH ne signifie pas que vous êtes inapte au travail, mais que votre état de santé nécessite certains aménagements.
En en bénéficiant, vous évitez de vous épuiser en essayant de compenser tout seul vos difficultés, ou que celles-ci soient mal comprises par votre entourage professionnel. Vous préservez ainsi votre emploi, en trouvant des solutions pour vous et votre entreprise.
De plus, vous n’êtes en aucun cas obligé d’en faire part à votre employeur ou recruteur, ni de mentionner ce statut dans votre CV. Et si vous décidez de le faire, ce n’est qu’un détail sur votre curriculum qui, lui, met en avant votre parcours et vos compétences. Rassurez votre (futur) employeur : on peut tout à fait avoir des problèmes de santé et être ultra compétent à son poste !
D'autant que les entreprises de plus de 20 salariés ont l'obligation de compter au moins 6 % de travailleurs handicapés dans leur effectif : dans le cas contraire, elles sont pénalisées et doivent payer une contribution. Les employeurs de personnes en situation de handicabénéficient, de plus, de différentes aides financières par exemple pour financer l'adaptation de leurs locaux ou de votre poste de travail. Enfin, au-delà de cet aspect financier, la présence de travailleurs handicapés au sein de l’entreprise est de plus en plus importante pour les employeurs qui souhaitent défendre et afficher des valeurs solidaires et humanistes.
À noter : L’employeur ne peut pas licencier une personne du fait de son handicap. Acquérir le statut de Travailleur Handicapé permet au contraire d’œuvrer pour améliorer vos conditions de travail et limiter les risques d’une restriction d’aptitude ou d’une inaptitude.
Idée reçue #3 : « La RQTH, ça ne me servira à rien concrètement, elle ne profite qu'aux employeurs »
L’objectif de la RQTH est de faciliter l’insertion et le maintien dans l’emploi grâce à divers dispositifs, dont les employeurs peuvent en effet bénéficier : prime à l'embauche dans certains cas, aides financières diverses...
Mais une RQTH vous permet, vous aussi, de profiter de nombreuses aides : temps de travail aménagé, accès facilité à la fonction publique, accompagnement par Cap Emploi en cas de chômage, départ anticipé à la retraite, ou encore financement d’actions spécifiques par l'Agefiph :
- projets de formation ou de création d'entreprise ;
- surcoûts permanents induits par votre handicap ;
- télétravail ;
- acquisition d'équipements techniques ;
- frais de déplacement liés à votre handicap ;
- bilans de compétences ;
- reconversions professionnelles...
À noter : sans RQTH, tous ces dispositifs sont plus difficiles à mobiliser.
Idée reçue #4 : « Une RQTH est trop compliquée à obtenir »
Vous vous trompez !
Une RQTH peut être demandée à partir de 16 ans dès le premier emploi, y compris en alternance.
La demande se fait auprès de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) de votre département, via un dossier qui peut paraître a priori complexe, car il rassemble plusieurs volets sur vos vies quotidienne et professionnelle et sur votre santé. Toutefois, ce dossier reste assez simple à remplir et les travailleurs sociaux de votre MDPH peuvent vous accompagner dans cette démarche, ainsi que votre médecin traitant et/ou votre médecin du travail.
Le dossier est ensuite instruit par la Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées (CDAPH) et vous êtes seul destinataire de son avis : vous êtes ensuite libre de le partager ou non avec votre employeur.
La durée de traitement administratif de votre dossier peut s’étendre sur une période de 3 à 6 mois. Mieux vaut donc anticiper votre demande, y compris en cas de renouvellement de RQTH, pour être certain de bénéficier du dispositif adéquat le moment venu.
Idée reçue #5 : « Tout le monde va le savoir, je vais être étiqueté RQTH, y compris dans ma vie privée »
Si la RQTH est une reconnaissance confidentielle, il faut en effet en informer votre employeur si vous souhaitez pouvoir bénéficier de ses avantages.
Mals le secret médical vous permet de ne pas évoquer les raisons de santé précises à l'origine de cette reconnaissance, et de vous en tenir seulement à ses conséquences sur votre travail. D'ailleurs, l'avis de RQTH de la CDAPH ne mentionne pas la nature de votre handicap ou de votre maladie.
Votre employeur est également soumis à une obligation de confidentialité : vous êtes donc le seul habilité à en parler à vos collègues si vous le souhaitez.
Par ailleurs, une RQTH est liée à une situation de travail et n’a aucune conséquence sur la sphère privée. Aucune mention de ce statut n’est faite dans les questionnaires des banques, assurances et mutuelles. Cette qualité n’impactera pas vos cotisations ni votre crédibilité en cas de demande de prêt.
À noter : une RQTH est uniquement un statut relatif au travail. Elle n’entraîne aucun avantage financier, mais elle permet à l’entreprise d’activer un réseau de spécialistes et les aides de l’Agefiph. Ce statut peut aussi ouvrir droit à une Prestation de Compensation du Handicap (PCH) pour des besoins précis.
(1) Enquête emploi 2015, INSEE, Demande d'emploi à fin juin 2018. Pôle Emploi, L'obligation d'emploi en 2016, DARES.